Binche abrite l’une des coutumes carnavalesques les plus anciennes et les plus caractéristiques de Wallonie… Sa renommée a largement dépassé nos frontières et fascine le public du monde entier.
Cette réputation est justifiée par l’originalité et l’authenticité des coutumes binchoises restées fidèles aux dates traditionnelles des jours gras et à l’ordonnance quasi immuable de la préparation
de la fête au sein des familles et des sociétés carnavalesques dès l’automne. (Michel Revelard, Le Carnaval de Binche).
Les origines du Carnaval de Binche semblent difficiles à retracer avec objectivité et certitude. Les historiens et les folkloristes qui les ont analysées depuis plus d’un demi-siècle restent toujours
prudents dans leurs travaux, en raison du manque d’éléments remontant au-delà de la fin du XVIIIème siècle faisant clairement mention de « gilles » et de la piètre qualité des preuves
matérielles anciennes. Pour compliquer les choses, de nombreuses légendes, tantôt liées à un personnage mythique ou historique, ont sans doute éclipsé la réalité sous des dehors plus
glorieux, romanesques ou fantastiques, mais les origines réelles restent bien mystérieuses... (Christel Deliège).
La légende qui a remporté le plus grand succès est celle du gille descendant des Incas, imaginée par le journaliste, Adolphe Delmée, au XIXème siècle. Ces Incas seraient apparus en costume
lors des fêtes organisées par Marie de Hongrie en 1549 pour accueillir son frère, Charles Quint, et son neveu, Philippe II. Les Binchois appréciant leurs costumes colorés et exotiques auraient
perpétué ce défilé dans la cité. Cette hypothèse farfelue a séduit et séduit encore les acteurs du Carnaval de Binche car elle leur confère un caractère historique assez flatteur. (Samuel Glotz,
Le Carnaval de Binche).
1. Le gille
On semble cependant admettre que les premiers Gilles ont apparu dans cette ville vers le XVIème siècle sous le règne de Marie de Hongrie, sœur de Charles V.
Marie de Hongrie séjournait souvent à Binche. Elle donna dans la ville de Baudouin le Bâtisseur de nombreuses fêtes. Pour célébrer la conquête de l’Amérique par les Espagnols,
les courtisans de Marie de Hongrie se déguisèrent en Incas en aout 1549. Ceux-ci sont les ancêtres des Gilles. Et c’est pourquoi ceux-ci remplissent avec fougue et passion
leur rôle de remueurs de souvenirs. Gille provient d’un prénom très répandu en Espagne à cette époque, mais s’écrivait. Si la première mention du carnaval de Binche
date de la fin du XIVème siècle ; « en 1394, le massard de la ville paie 18 deniers pour 6 chandeliers de bois placés à l’hôtel de ville « la nuyt des quaresmiaux » AGR,
chambres des Comptes, 39374, année 1394-1395, fol.35 r Cité dans S. Glotz, Le carnaval de Binche, Mons, 1983, p.27. Il faut attendre pour qu’ils apparaissent
dans les textes le 23 pluviose an 3 (11 février 1795), se révoltant sous le régime politique français qui voulait interdire le port du masque.
2. Costumes à 2 bosses
Il y a quelques siècles, un pauvre bossu se trouvait dans un bois et pour calmer les ennuis de la solitude, il se mit à jouer du violon ;
il parait qu’il joua d’une manière tellement enchanteresse, qu’une fée qui se trouvait près de là fut attirée par les sons mélodieux du petit bossu, et pour le récompenser…
lui ôta sa bosse et le combla de bienfaits. Ce bossu, rentré à Binche sans bosse, raconta son aventure à un confrère en difformité ;
celui-ci s’empara du premier violon venu et courut au bois racler son instrument ;
la fée furieuse le renvoya à Binche avec deux bosses, lui ordonnant de danser tout le long du chemin.
Ce sont les descendants de ce malheureux bossu que nous voyons apparaitre chaque année au carnaval.